Chez les Palestiniens, bien qu’il existe plus d’une définition de la
victoire, la fin de l’occupation israëlienne, y compris le contrôle
israëlien de Jérusalem Est, l’indépendance et l’auto-détermination, et une
solution au problème des réfugiés dans le cadre d’un accord qui tienne
compte du droit au retour, tous ces objectifs constituent un dénominateur
commun à la victoire, pour une majorité de Palestiniens.
Il existe, bien entendu, des expressions plus immédiates d’une victoire
palestinienne.
L’actuel gouvernement israëlien, composé des mêmes partis qui s’étaient
opposés au processus de paix, mène une guerre contre les Palestiniens.
Son approche est la force et non la négociation. Ses objectifs comprennent le maintien du contrôle israëlien sur le maximum de terres possible tout en y laissant le moins de Palestiniens possible.
Cela étant en contradiction avec la position du leadership palestinien, se débarrasser de cette direction et de tout ce qu’il représente fait également partie des objectifs du gouvernement israëlien.
Il s’ensuit que, pour les Palestiniens, la victoire au sens le plus immédiat signifie réussir à résister résolument et à empêcher Ariel Sharon
d’atteindre ces objectifs.
Cela veut simplement dire que les Palestiniens
doivent garder les trois millions et demi de Palestiniens qui vivent
actuellement dans leur patrie, s’en tenir aux mêmes positions politiques et assurer la survie du même leadership qui continue à défendre une position politique fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Sur ces critères, il n’y a pas de sentiment de défaite chez les
Palestiniens, à l’exception de quelques intellectuels qui pensent que ces
objectifs représentent le plus petit dénominateur commun de la planification stratégique, ou que même ces objectifs ne sont pas atteints.
D’autre part, autre aspect de la question, la victoire remportée par Sharon lors de sa dernière visite à Washington a provoqué un profond sentiment de désespoir chez les Palestiniens.
Sharon a réussi à faire en sorte que le président des Etats Unis ne tienne plus compte de la loi internationale, préjuge du résultat des questions relatives au statut définitif, et encourage et légitime la politique de colonisation d’Israël, aidant en cela Sharon à atteindre ses objectifs politiques et idéologiques.
Mais les Palestiniens ont le sentiment que le temps est de leur côté.
Si Israël accepte une solution fondée sur la légitimité internationale, cela constituera certainement une victoire. Mais si Israël persiste à refuser la création d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967, il aura à affronter un avenir bien plus problématique, dont une situation d’apartheid croissante, et ce qu’il appelle la "menace" démographique croissante de la population palestinienne.
En termes pragmatiques, la seule victoire possible pour les Palestiniens
est ce qui est aussi une victoire pour Israël, et réciproquement.
Il n’est pas non plus impossible d’accorder les objectifs déclarés de chacune des parties.
Mettre fin à l’occupation, faire advenir l’indépendance et résoudre le problème des réfugiés, tout cela n’est pas incompatible avec une paix durable et totale, avec la sécurité pour tous, et avec l’intégration régionale et la prospérité économique.
En fait, ces deux ensembles d’objectifs sont complémentaires. Il s’agit maintenant de se mettre au travail.